Un petit sujet en l'honneur en l'honneur d'une des plus grands violonistes de tous les temps.
Jasha HEIFETZ est un des plus grands violonistes de tous les temps, et pour tout dire, sans doute, comme l'accordent tous plus grands violonistes de sa génération et des générations suivantes, le plus grand.
Il est né en 1900. Il commence le violon a trois ans, avec son père , entre à l'Académie Royale de Musique de Vilna (Lituanie) à cinq ans, et il est diplômé de l'école de musique à sept ans. Il fait alors ses débuts en public en jouant le concerto de MENDELSSOHN.
Même le célèbre Léopold AUER, qui confessait une haine abominable pour les enfants prodiges, dut admettre, après l'avoir auditionné à neuf ans, qu'il avait touché la perfection, et l'admit dans sa classe. Jasha HEIFETZ avait joué le concerto de MENDELSSOHN et le vingt-quatrième caprice de PAGANINI : « C’est de la sorcellerie ! » s’est alors écrié AUER. https://www.youtube.com/watch?v=vPcnGrie__M&feature=related
A propos de cette haine des enfants prodiges, Jasha HEIFETZ a dit lui-même plus tard : « Vous savez, l'enfant-prodigisme -si je puis inventer ce terme- est une maladie généralement fatale. Je suis parmi les rares à avoir eu la bonne fortune d'y survivre. Mais j'ai eu la chance d'avoir un grand professeur en la personne du professeur AUER et une famille qui tenait instinctivement la musique en haute estime, avait un très bon goût et l'horreur de la médiocrité ». Il est admirable aussi en ce qu'il n'a jamais cédé ni à la vanité, ni au numéro de cirque, comme en témoigne la qualité d'enregistrement de ses pièces de genres, par exemple Hora staccato de Grégoras DINICU: https://www.youtube.com/watch?v=Mag2mc5Vva0&feature=related
Perfectionnisme, voilà le mot qui définit Jasha HEIFETZ. Il répétait dans son studio d'enregistrement qu'il avait lui-même remplit de gadget permettant d'en modifier l'acoustique à volonté. Constamment en recherche, il travaillait d'abord lentement, répétait le même mouvement des dizaines de fois. Au bout de trois mois passé sur le même morceau; il commençait à s'enregistrer, des dizaines et des dizaines de fois, jusqu'à ce qu'il ait trouvé l'interprétation qui lui plaise. Il exigeait même qu'on lui passe un gros plan de ses mains au ralenti pour corriger les défauts de mécanismes de ses doigts !
https://www.youtube.com/watch?v=TB43WLLN6ag&feature=related
Son autodiscipline, tout comme son niveau d'exigence terrifiant envers ses élèves, sont restés légendaires. Nombre de ses élèves l’ont décrit comme un maître tyrannique et cruel. Il a dit un jour à ce propos : « on ne peut pas être plus exigeant envers les autres qu'on ne l'est avec soi-même ». Les archives de films de ses masterclasses restent ponctués des ses interventions d'une sévérité sans pareille https://www.youtube.com/watch?v=xD8IiTnL9CE&feature=related .
Cette sévérité allait jusqu'à faire dire à certain qu'il n'était qu'un virtuose froid et orgueilleux, mais la beauté de sa sonorité, la chaleur de son vibrato, et l'exemple édifiant de toute sa vie en disent assez, au contraire, sur son humilité et sa grandeur d'âme.
En effet, tous ceux qui l'ont connu de près s'accordent pour dire qu'il était d'une gentillesse, d'un humour et d'une intelligence sans pareille. Ainsi, Pierre AMOYAL, un de ses élèves, décrit comment son maître lui a un jour, sobrement, offert un violon de grande valeur : un GUARNERIUS (l'équivalent d'un STRADIVARIUS). Même en dehors du violon, Jasha Heifetz agissait avec la même recherche de perfection pleine de grâce. Il travaillait ainsi dans son jardin, en toute simplicité, plantant des fleurs, faisant de la mécanique, ou bien jouant au tennis de table.
Quant à l'humour du grand virtuose, voici Jasha HEIFETZ en train d'imiter une audition pour faire rire ses élèves :
https://www.youtube.com/watch?v=D5SluQyVqWQ
(édifiant !)