Quelques réflexions d'un violoniste amateur.
En espérant des réactions intéressantes...
L'un des réflexes à combattre par l'apprenti violoniste encore peu expérimenté est de trop appuyer sur l'archet. L'archet a son propre poids. Il exerce donc tout naturellement une pression sur la ou les cordes qui est bien souvent suffisante.
Mais il se comporte comme un levier dont le pivot est au niveau de la main droite du violoniste. Si l'on joue sans exercer de pression autre que celle qui résulte du poids de l'archet, la mèche de l'archet restant bien à plat sur toute sa longueur, cette pression ne sera pas la même au talon et à la pointe. Elle croît de la pointe au talon et elle décroît du talon à la pointe. À vitesse d'archet égale, on obtient donc un crescendo de la pointe au talon (poussé) et un decrescendo du talon à la pointe (tiré).
Si l'on doit, en poussant de la pointe au talon, émettre une note avec la même intensité tout au long de l'archet, il faut nécessairement compenser cela en faisant tourner légèrement la main droite et la baguette vers la touche de telle façon que la mèche soit à plat de la pointe au milieu de l'archet mais placée de plus en plus obliquement à mesure que l'on se rapproche du talon. Cela diminue progressivement le nombre de crins en contact avec la corde : une partie de la mèche, du côté du chevalet, ne touche plus la corde. Et inversement quand on joue du talon à la pointe (tiré).
Le jeu des nuances et l'obtention d'un son de qualité résultent de la combinaison de trois facteurs essentiels : vitesse de l'archet, pression de l'archet et position de la mèche par rapport au chevalet. Ivan Galamian (1903-1981), dans « Enseignement et technique du violon », appelle « point de résonnance » ce troisième facteur. Il en donne une définition qui ne peut être qu'empirique : « le point où l'archet doit entrer en contact avec la corde pour obtenir le meilleur son possible ». Le « point de résonnance » est donc la position optimale de l'archet par rapport au chevalet. Il change de place quand la pression et la vitesse de l'archet varient. Et, à vitesse et pression égales, la position du « point de résonnance » varie avec la corde sur laquelle on joue. Elle est plus près du chevalet sur la corde mi (fine) que sur la corde sol (plus épaisse) et il faut jouer plus près du chevalet dans les positions hautes. Si la vitesse de l'archet augmente (à pression égale) ou si la pression de l'archet augmente (à vitesse égale), le « point de résonnance » se déplace vers le chevalet.
Autrement dit, retenons que plus on joue forte et aigu, plus on doit rechercher le « point de résonnance » près du chevalet. Plus on joue piano et grave , plus le « point de résonnance » se déplace vers la touche. Pour des pianissimos, surtout sur la corde sol, on doit même nécessairement jouer au-dessus de la touche.
Obtenir un joli son exige beaucoup d'attention, d'écoute et d'expérience. Les apprentis violonistes tout à fait débutants doivent apprendre à maintenir la direction de l'archet bien parallèlement au chevalet. Il faut sans doute commencer par maîtriser cela. Mais la recherche de la sonorité la plus belle possible passe par d'autres exigences bien plus complexes. Si l'archet doit se déplacer de la corde mi à la corde sol (ou inversement) dans une succession de notes liées, il ne peut rester parallèle au chevalet sans perte de qualité de la sonorité. Il suffit d'observer quelques vidéos montrant de grands violonistes pour constater que l'archet ne se déplace que rarement parallèlement au chevalet.